L'hypnose : soigner sans médicaments?
L'hypnose est une intervention efficace, non médicamenteuse et reconnue
L'hypnose, c'est agrandir le champ des possibles, Quand on pense déjà que c'est possible, on va pouvoir explorer ce champ des possibles. Mais que nous montre les études et l'imagerie médicale des états modifiés de conscience? Pourquoi l'hypnose soigne sans médicaments?
Cette étude sur les interventions non médicamenteuses et l’hypnose démontre:
- Une sous-utilisation de cette pratique dans le domaine de la santé
- Une revalorisation de la santé mentale avec cet outil
- Des lieux de santé ré enchantés
- Une ouverture sociale et culturelle de l’hôpital
- Un réengagement du patient.
Des apprentissages qui pourraient nous faire gagner une décennie d’espérance de vie. (Santé positive: guide des déterminants scientifiques aux citoyens, professionnels et institutions, Publié par Alexandre JOST, 2022)
« Dans un contexte sanitaire imprévisible, une opportunité unique surgit de dé-monopoliser la santé du pur médical pour une approche globale de la santé et une éthique du care du « prendre soin».
L’hypnose soigne sans médicaments: l’état modifié de conscience et l’imagerie médicale

Le Pr Marie-Elisabeth Faymonville, anesthésiste au Centre de la douleur du Centre Hospitalier Universitaire de Liège :
« Depuis le XVIIIe siècle, les scientifiques qui se penchent sur cette question se heurtent à un problème de taille : les sujets sous hypnose sont-ils ou non dans un état neurologique particulier, comme le prétend dès le XVIIIe siècle le médecin viennois Franz Mesmer, suivi, à la fin du XIXe siècle, par le neurologue français Charcot ? Ne sont-ils pas uniquement en proie à la force de leur imagination ? C’est ce que soutient, à l’époque de Charcot, le professeur de médecine Hyppolite Bernheim de l’université de Nancy. Certes, leur corps semble relâché et ils se soumettent à des suggestions… »
Les patients sous hypnose sont-ils pour autant dans un état neurophysiologique spécifique ?

- Lorsque le sujet éveillé se rappelle un souvenir, il active surtout les lobes temporaux droit et gauche.
- Lorsque le sujet éveillé ne pense à rien, ces mêmes régions ne s’activent pas
- Lorsqu’il est sous hypnose et qu’il revit ses vacances, ces zones du cerveau ne sont pas non plus excitées
En revanche, en état modifié de conscience, le sujet active un réseau qui comporte les régions de la vision (occipitale), des sensations (pariétale) et de la motricité (précentrale), comme s’il voyait, sentait et bougeait, alors qu’il est immobile.

L’hypnose, c’est agrandir le champ des possibles,
Quand on pense déjà que c’est possible, on va pouvoir explorer ce champ des possibles.
Les zones du cerveau activées en état d’hypnose (études scientifiques et expériences) : l’hypnose soigne sans médicaments

- Le précuneus (région du cortex pariétal) et le cortex cingulaire postérieur sont désactivés en cours d’hypnose.
Or ces régions sont très actives, lorsque le sujet est éveillé, même lorsqu’il fait le vide dans sa tête.
L’équipe de Henry Szechtman de l’université canadienne de Waterloo réalise une expérience en 1998 avec huit sujets mélomanes, qualité nécessaire pour se rappeler précisément d’un morceau de musique.
Cette étude réalisée par TEP (La tomographie par émission de positons) démontre que:
- La même activation dans le cortex cingulaire antérieur (aire 32 de la région de Brodman) lorsqu’un sujet écoute un morceau de musique ou si on lui demande de se le rappeler sous hypnose.
- Cette activation n’existe pas, lorsqu’on lui demande de se souvenir du morceau et qu’il est éveillé.

- L’état modifié de conscience spécifique à l’hypnose repose sur des mécanismes cérébraux particuliers.
Les résultats révèlent que l’hypnose provoque une reconfiguration de la communication entre plusieurs régions du cerveau.
L'hypnose: un traitement psychologique
Sans administrer aucun médicament, l’hypnose reconfigure la géographie du cerveau.
Car l’hypnothérapie fait partie des 400 interventions non médicamenteuses (voir définition ci-dessous) au même titre que la psychothérapie, l’EMDR (RITMO), l’ennéagramme la méditation, le yoga….

- L’éducation thérapeutique, par exemple en aidant les patients à gérer au mieux leur vie avec une maladie chronique, l’apprentissage de la gestion d’un pilulier, …
- Les psychothérapies (thérapie cognitive-comportementale ou TCC, thérapie de pleine conscience, méditation, hypnose, cure psychanalytique…).
L’hypnothérapie se situe dans la catégorie des « traitements psychologiques ».
Si bien que cette pratique fait partie intégrante des psychothérapies, au même titre que la méditation de pleine conscience et les thérapies comportementales et cognitives (qui sont à rapprocher des démarches de coaching et de la PNL). L’hypnose soigne sans médicaments.
L’hypnose médicale, le soin sans médicaments : exemple du traitement de la douleur

Plus spécifiquement, à l’hôpital de Bordeaux, une unité de soins de recherche a été créé sur l’hypnose.
Ce programme est axé sur l’apaisement dans des douleurs chroniques.
Le processus débute avec un travail spécifique sur l’acceptation de la maladie. Ce type d’accompagnement réduit les comorbidités induites lorsque le malade reste dans le déni de sa maladie.
L’hypno thérapeute invite la personne à se reconnaître comme un être vulnérable et fragile.
Au début il n’est pas rare que les personnes affublent leurs maladies de petits noms plus ou moins agressifs (ma saloperie de maladie de…), puis ils arrivent progressivement à leur donner des patronymes plus amicaux, comme un compagnon ou une compagne qui est présente tout le temps.
L’acceptation de la réalité les entraîne avec d’autres formes de symbolisation et d’image plus acceptable pour eux.
La méditation et l’hypnose invite ainsi à porter attention sur les ressentis et les connaissances subjectives : elle aide à faire la différence entre la souffrance et la douleur.
L’hypnose ne modifie en aucune façon la douleur.
Mais elle améliore en profondeur le rapport de la personne à celle-ci.
Elle n’élimine pas la douleur, elle diminue voir supprime la souffrance liée aux anticipations et aux ruminations liées à la douleur.
L’autohypnose pour se révéler à soi et dépasser : la sclérose en plaques

Je n’ai pas mangé correctement, je n’ai pas fait de sport, mais je me suis reconnecté à mon corps, à la matière et ce changement personnel a amené un changement global, un rééquilibre.
Durant cette période, j’ai fait beaucoup d’autohypnose, énormément, jusqu’à ce que ça devienne presque journalier.
Un exercice d’autohypnose, c’est se déconnecter du monde extérieur pour attirer toute notre énergie vers l’intérieur.
À l’intérieur de soi-même, il y a un univers qui est vaste : le décès du grand-père à 6 ans, la chute à mobylette à 14.
Cet univers influe sur notre vie quotidienne car ces films tournent en continu dans notre esprit, avec la vision que l’on avait à l’âge où ils ont eu lieu.
L’autohypnose permet d’aller voir ces films avec une grande maîtrise personnelle et de les arranger en les réactualisant.
Aujourd’hui, je n’ai plus aucun symptôme de ma sclérose en plaques ».
Lionel Vernois, hypno thérapeute, formateur et conférencier
L’hypnose est un état modifié de conscience (ni éveil, ni sommeil) :

L’activation des ressources par l’hypnose et l’auto hypnose permettent de mieux gérer le stress intense ou les effets de la fatigue, la douleur et la confiance en soi.
La mise en place en parallèle d’un ensemble de stratégies cognitives et comportementales permet à chaque personne, selon la situation et l’objectif, de mobiliser au mieux ses ressources physiologiques, émotionnelles, cognitives et comportementales.
Définition des INM, interventions non médicamenteuses (selon le professeur Ninot de l’université de Montpellier)

Cet acte thérapeutique est reliée à des mécanismes biologiques et ou des processus physiologiques identifiés. Elle fait l’objet d’étude d’efficacité. Il a un impact observable sur des indicateurs de santé, de qualité de vie, comportementaux ou socio-économique. Sa mise en œuvre nécessite des compétences relationnelles, communicationnelles et éthiques.
Alice Guillon, directrice de recherche au CNRS précise que INM est le terme générique adopté dans la communauté scientifique depuis cinq ans.
À ce jour l’OMS répertorie 400 pratiques de interventions non médicamenteuses dont certaines d’entre elles commencent à rentrer à l’hôpital.
Références:
- Académie Nationale de Médecine (2013). Thérapies complémentaires : Leur place parmi les ressources de soins. Paris : Académie Nationale de Médecine.
- Boutron I, Ravaud P, Moher D (2012). Randomized clinical trials of non-pharmacological treatments. Boca Raton : CRC Press Taylor and Francis.
- ICEPS Conférence (2015). L’efficacité des Interventions Non Médicamenteuses. Montpellier : Plateforme CEPS.
- Haute Autorité de Santé (2011). Développement de la prescription de thérapeutiques non médicamenteuses validées. Paris : HAS Edition.
- Ninot G (2013). Démontrer l’efficacité des interventions non médicamenteuses : Question de points de vue. Montpellier : Presses Universitaires de la Méditerranée.
- Ninot G (2014). La prescription des interventions non médicamenteuses. Blog en Santé, A4.
- Anais Guillon chercheuse au CNRS
- Grand bien vous fasse – Comment appliquer la santé préventive au quotidien Du 17 Janvier 22
