Periménopause et ménopause: une période propice à la dépression?
Ménopause et dépression
Selon les dernières études, les femmes auraient deux fois plus de chances que les hommes de connaître un épisode de dépression dans leur vie, avec des risques plus élevés pendant la période s’étalant de la puberté à la ménopause. En cause ? Des facteurs environnementaux mais également hormonaux.
Et si la santé des femmes est souvent un sujet mis de côté, ne parlons pas des périodes sensibles que sont la périménopause et la ménopause, dont on parle encore trop peu, et que vivent pourtant toutes les femmes entre 45 et 55 ans. Alors comment bien appréhender cette période et quels outils mettre en place pour vivre cette transition le plus sereinement possible ?
Ménopause, périménopause… c’est quoi exactement ? Définitions et symptômes
Avant d’expliquer en détail ce qu’est la ménopause, il est important de s’attarder sur la périménopause (et préménopause). C’est cette période qui peut s’étaler de 2 à 4 ans avant l’arrêt définitif des règles, et qui va donc précéder la ménopause. Elle se traduit par une instabilité des cycles menstruels et divers symptômes comme une irritabilité, des bouffées de chaleur ou des sueurs nocturnes. En cause ? Une diminution de la progestérone qui constitue l’une des principales hormones féminines.
La ménopause est, quant à elle, marquée par l’arrêt définitif des règles et survient lorsque les ovaires arrêtent leur sécrétion hormonale (oestrogènes et progestérone). Elle touche généralement les femmes autour de l’âge de 50 ans.
La ménopause va également entraîner divers symptômes, plus ou moins marqués selon les femmes : insomnies, fatigue, irritabilité, bouffées de chaleur… et peut augmenter le risque de certaines pathologies : maladies cardiovasculaires, ostéoporose, etc.
La périménopause : un bouleversement hormonal et psychique à ne pas négliger
Mais cette période charnière de la vie d’une femme, et principalement la périménopause, peut également s’accompagner d’un bouleversement sur le plan psychique. Celui-ci s’accompagne souvent d’une instabilité émotionnelle, voire une dépression. Selon une étude menée au Département Psychology & Language Sciences de l’University College London (UCL), les femmes sont en effet 40 % plus susceptibles de souffrir de dépression durant la périménopause.
De plus en plus d’études tendent à démontrer que les facteurs hormonaux seraient à l’origine de la dépression chez les femmes à des périodes clés de leur vie. Ainsi, les phases telles que le post-partum ou la périménopause s’avèrent critiques. En effet, les hormones sexuelles féminines, et principalement les oestrogènes, sont directement reliées au centre nerveux du cerveau qui contrôle l’humeur. Pendant la périménopause, la sécrétion d’hormones devient plus irrégulière, et ces changements peuvent conduire à un état dépressif. Mais les hormones ne sont pas les seules responsables de ces troubles de l’humeur.
Lorsqu’on s’attarde sur les symptômes que peuvent vivre les femmes qui expérimentent la périménopause, il est facile de comprendre qu’elles soient nombreuses à subir des troubles de l’humeur. Bouffées de chaleur, sueurs nocturnes, syndrome prémenstruel, baisse de libido, anxiété, ou encore sécheresse vaginale, font partie des nombreux symptômes désagréables que peuvent ressentir les femmes à cette période de leur vie. De quoi sérieusement impacter le moral au quotidien.
Ménopause et crise identitaire
Enfin, sur le plan social, la périménopause arrive dans la vie des femmes à un moment où elles sont particulièrement vulnérables avec un basculement identitaire important : la femme, telle qu’elle est considérée dans nos sociétés, est vue comme une génitrice, une mère, capable de donner la vie, et dévouée pour ses enfants. La ménopause vient donc signer brutalement la fin de ce statut social. Selon un article paru dans la Revue médicale suisse, intitulé Troubles de l’humeur chez la femme périménopausique : traitement hormonal ou antidépresseur ?, “la ménopause peut être perçue comme une dissolution de l’identité féminine, voire de l’identité de soi.”
C’est également ce que confirme Delphine Delerue, psychopraticienne en Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC), qui accompagne les femmes durant ce bouleversement psychologique : “la période périménopausique peut être à l’origine d’une vraie crise identitaire, avec la perte de repères, et la fin de ce culte de la jeunesse mis en avant par nos sociétés, explique-t-elle. S’ajoute à cela un âge auquel les enfants quittent le nid, où l’on commence à préparer son départ à la retraite, et où l’on peut se retrouver face à diverses formes d’angoisses et de questionnements.”
Ménopause et suivi
Cette nouvelle étape de la vie d’une femme est donc particulièrement bouleversante, avec une vulnérabilité importante à la dépression. “Il est donc important de souligner la nécessité de fournir un soutien et un dépistage aux femmes afin de répondre à leurs besoins en matière de santé mentale”, ajoute le Dr Roopal Desai, de l’UCL, dans un communiqué de presse du 1er mai 2024.
Les professionnels de santé se doivent d’être particulièrement vigilants et à l’écoute des femmes lors de la période périménopausique. Contrairement aux idées reçues, les femmes doivent continuer leur suivi gynécologique même lorsqu’elles sont ménopausées. Cela peut être l’occasion de parler de ses symptômes physiques, mais aussi des changements d’humeur qui peuvent survenir : “Il ne faut pas hésiter à aller consulter un professionnel dès que l’on sent les premiers signes dépressifs arriver”, conseille Delphine Delerue. Car si le risque de troubles de l’humeur est prédominant lors de la périménopause, il existe heureusement des solutions pour aller mieux.
Dépression et ménopause : quels signes doivent alerter ?
Si vous avez déjà été sujette à des épisodes dépressifs au cours de votre vie, vous devez être d’autant plus vigilante et à l’écoute des premiers signes qui peuvent évoquer une dépression. Les dernières études démontrent en effet que les femmes ayant déjà connu une dépression dans le passé ont plus de risques de revivre un épisode dépressif durant la ménopause. Une étude, présentée dans la revue Menopause de la North American Menopause Society (NAMS), démontre par ailleurs qu’il existerait un lien entre bouffées de chaleur et dépression pendant la ménopause.
Si vous ressentez un changement d’humeur, n’hésitez pas à en parler avec votre médecin traitant. Voici déjà quelques symptômes qui peuvent vous alerter :
- -Troubles du sommeil
- -Fatigue intense ou perte d’énergie
- -Perte de poids ou prise de poids
- -Idées noires
- -Sentiment de tristesse et de vide
- -Irritabilité
- -Baisse de l’intérêt
- -Difficultés de concentration
Si la dépression est profonde, un traitement antidépresseur pourra être proposé afin de réguler les neurotransmetteurs dans le cerveau et de restaurer l’équilibre chimique du cerveau, permettant, au bout de quelques semaines, de supprimer les symptômes liés à la dépression. Il est important de se tourner vers un médecin, gynécologue ou psychiatre afin de se faire accompagner pendant ce traitement. Parfois, une psychothérapie pourra être proposée.
Comment traiter la dépression pendant la périménopause ?
Un traitement hormonal pour traiter les troubles mineurs de l'humeur
Dans de nombreux cas, un simple traitement hormonal peut être suffisant pour réguler les troubles de l’humeur de la femme en période de périménopause. C’est ce que l’on appelle la thérapie de substitution hormonale (THM). Proposé par un médecin généraliste ou un gynécologue, ce traitement permet de pallier les symptômes liés à la carence en oestrogènes comme les bouffées de chaleur ou les troubles de l’humeur. Selon une étude parue dans JAMA Psychiatry en janvier 2018, les femmes ayant pris un traitement de substitution hormonale pendant un an, et ayant subi un stress récent et important auraient deux fois moins souvent de symptômes dépressifs significatifs.
Cependant, selon l’Inserm, seules 6% des femmes prennent un traitement médical durant la périménopause ou la ménopause, car il présente des contre-indications liées notamment à certains risques de cancers.
La thérapie Comportementale et Cognitive pour réduire les troubles liés à la ménopause
Des alternatives non-médicamenteuses seraient donc une option plus intéressante pour soulager les troubles de l’humeur liés à la périménopause. C’est notamment le cas des Thérapies cognitivo-comportementales (TCC), avec un travail sur l’acceptation de soi. “Les TCC sont un excellent moyen d’aider les femmes à restructurer les comportements et les pensées négatives qu’elles peuvent avoir pendant cette période”, explique Delphine Delerue, praticienne formée aux thérapies comportementales et cognitives, et co-fondatrice du podcast Silence, on ménopause. Elle souligne également l’importance des TCC dans cette démarche de déculpabilisation des femmes : “Elles ne sont pas responsables de ce qui leur arrive, c’est biologique”, ajoute-t-elle.
C’est également ce que confirment les résultats d’une étude menée par l’University College London, publiée le 27 février 2024 dans le Journal of Affective Disorders. Cette méta-analyse, menée sur plus de 3500 femmes ménopausées dans 14 pays, a permis d’étudier les différents effets de plusieurs thérapies, dont la thérapie comportementale et cognitive et la pleine conscience. Les résultats ont révélé que cette thérapie était l’une des plus efficaces pour réduire les signes d’anxiété et de dépression chez les femmes ménopausées.
Pleine conscience, sport et alimentation : comment vivre sa ménopause plus sereinement ?

Dans la continuité des alternatives non-médicamenteuses pour traiter les troubles liés à la ménopause, la méditation de pleine conscience serait également un excellent moyen de mieux vivre cette période de transition. En effet, cette pratique permet d’aider à réguler ses émotions douloureuses en prenant du recul sur les pensées négatives qui nous envahissent. L’idée est d’accepter de vivre pleinement cette période difficile en accueillant ses émotions, sa tristesse, sa souffrance et ses angoisses. Des recherches en neurosciences démontrent même que la méditation a des effets bénéfiques sur le système immunitaire, la santé du cœur, ou encore la créativité, transformant la structure et le fonctionnement de notre cerveau !
La pratique d'une activité sportive
La pratique d’une activité sportive régulière est également une des clés pour lutter contre la dépression. C’est peut-être la dernière chose que l’on a envie de faire lorsque l’on est déprimée, et pourtant, c’est indispensable à notre santé mentale. Être actif quotidiennement permet de se libérer l’esprit, mais aussi de diminuer les symptômes de la ménopause comme les maux de tête, les troubles du sommeil ou les problèmes de concentration. Inutile de faire un marathon pour en voir les bénéfices, il est possible de pratiquer une activité sportive douce comme la marche, la natation ou encore le yoga.
Une alimentation riche et équilibrée
L’alimentation fait également partie de nos alliés pour mieux vivre sa ménopause. Il est recommandé d’avoir une alimentation saine et équilibrée, et de favoriser les aliments riches en oméga-3, comme l’huile de colza, l’huile de lin, les poissons gras (saumon, maquereau, sardine). Des études ont d’ailleurs démontré que les oméga-3 avaient un impact positif sur le moral. Il est également recommandé de privilégier les légumes verts et d’éliminer les aliments transformés, riches en sel, en sucre et en graisses.
Périménopause et ménopause : vivre mieux

Sources :
-Revue médicale Suisse : Troubles de l’humeur chez la femme périménopausique : traitement hormonal ou antidépresseur ?
– Département Psychology & Language Sciences de l’University College London (UCL)
– Jama Psychiatry : Efficacy of Transdermal Estradiol and Micronized Progesterone in the Prevention of Depressive Symptoms in the Menopause Transition








