L’état hypnotique : réalité scientifique
Hypnose : Sommeil ou veille ?
Aujourd’hui, grâce aux progrès de l’imagerie médicale, il est démontré avec certitude que l’état hypnotique n’est pas une supercherie propre à étonner des spectateurs crédules, mais bien un état de conscience intermédiaire auquel chacun d’entre nous peut accéder. Cet état de conscience se situe entre l’état d’éveil et l’état de sommeil.
Hypnose : une affaire de charlatans ?
L’hypnose est considérée au début du XXème siècle, époque à laquelle Charcot mène ses recherches et en communique les résultats à Sigmund Freud, comme une pathologie proche de l’hystérie.
Cependant, les séances d’hypnose menées en public par Charcot, à grand renfort de publicité, décrédibilisent ses propres recherches. L’hypnose devient un spectacle, l’hypnose quitte le domaine scientifique, jusqu’au milieu des années 60.
État de conscience modifiée ?
Qui ne s’est jamais retrouvé devant le portail de sa maison après avoir conduit sa voiture de manière sure et contrôlée sans se rappeler ni du chemin, ni des actions effectuées pour parvenir à destination ?
Cette sensation d’être dans ses pensées tout en restant hyper vigilant est un état naturel que nous expérimentons tous.
L’état hypnotique pourrait s’apparenter au sommeil mais la personne reste lucide tout en se remémorant un souvenir ou en imaginant une situation particulière.
Hypnose et imagerie médicale
Dès les années 1940, Gordon démontre la différence entre le sommeil et l’état hypnotique. En posant des électrodes sur le cuir chevelu, il enregistre le potentiel électrique généré par le fonctionnement des neurones. (ECG).
En état de transe hypnotique, les ondes alpha sont présentes ; ces ondes sont caractéristiques d’un état de veille calme. Au début des années 1980, l’imagerie médicale progresse et ouvre la voie à de nouvelles recherches : TEP-TDM, (imagerie médicale à 3 dimensions avec injection d’un marqueur radioactif) combiné à un IRM, (repose sur le principe de résonance magnétique nucléaire, procédé non invasif).
Hypnose et fonctionnement cérébral
L’encéphale est constitué le 3 parties : le cerveau, le tronc cérébral et le cervelet.
Hypnose, les recherches
Marie Élisabeth Faymonville (1999) analyse la neuro anatomie fonctionnelle de l’état hypnotique. Grace aux techniques de la TEP, la chercheuse met en évidence des zones du cerveau qui s’activent durant la transe hypnotique : principalement du coté gauche. Les images de l’état d’hypnose se rapprochent de celles de l’état provoqué lors de « l’imagerie mentale ». Pierre Rainville (1999) repère les zones actives sous hypnose avec la TEP : « l’augmentation des activités au niveau des parties occipitales entraine une altération de la conscience et une facilitation de l ‘imagerie mentale grâce au cortex visuel. «
En 2006, l’étude s’intéresse aux différences de l’imagerie lors de la réactivation d’un souvenir en état de veille et du même souvenir sous hypnose. Les individus étudiés évoquent une remémoration avec un ressenti des 5 sens (visuel, auditif, kinesthésique, olfactif et gustatif) lorsqu’ils sont en état d’hypnose. Ces différentes sensations sont cependant absentes lors d’un récit conscient. Les aires motrices et sensorielles sont donc activées dans le cerveau en l’état de transe.
Hypnose : réalité de l’état de conscience modifiée
L’imagerie cérébrale a véritablement dessinée les aires du cerveau actives en état d’hypnose : ainsi cet état est devenu concrètement et scientifiquement un état particulier et spécifique.
Les éléments objectifs et physiques mettent en lumière un « état de conscience modifiée ». Les signes observables sont décrits : mouvements oculaires sous les paupières, détente des muscles du corps, modification du rythme et de l’ampleur de la respiration…. Ces signes varient selon les individus. Les progrès de l’imagerie et les avancées en science du cerveau objectivent l’état de transe hypnotique ; cette discipline entre désormais dans le domaine scientifique et les chercheurs se concentrent activement sur son utilisation dans le traitement de la douleur.
Hypnose et médecine
Parmi les vertus de l’hypnose et ses conséquences sur le cerveau, les recherches et les études scientifiques ont mis en évidence une activation des réseaux internes (conscience de soi), une baisse des réseaux externes (conscience de l’environnement) et des modulations des canaux de ressenti de la douleur à l’intérieur du cerveau.
La première application médicale est l’activation de l’état de transe lors d’actes potentiellement douloureux en médecine de ville (piqures par exemple) : par la mise en œuvre de la construction d’une zone virtuelle magique autour de la partie concernée par le soin, l’hypnose soulage le patient par des mots.
Cet état de conscience modifiée permet aussi une forte diminution de l’utilisation des analgésiques lors d’opérations chirurgicales.